Chers disciples,
Je tenais à partager avec vous quelques unes de mes réflexions.
La Voie externe (Vo Dao) et interne (Qi Cong) possède des principes et des valeurs éthiques ; ces principes ne sont pas dictées par des lois écrites mais ils naissent, en chacun d’entre nous, par l’expérience de la pratique en résonance avec le monde.
Un des principes essentiels est la gentillesse.
Dans nos sociétés modernes, la gentillesse est dévalorisée et vue comme une faiblesse ou de la mièvrerie. Pourquoi une telle vision ?
Depuis des siècles, la philosophie occidentale est marquée par une conception pessimiste de la nature humaine ; l’homme est un loup pour l’homme et le « méchant » a toutes les qualités, intelligence, talent stratégique et machiavélisme. Si l’homme est un prédateur il risque d’être entravé dans sa compétition par un excès de gentillesse. Pourtant cette vision est erronée et la dévalorisation de la gentillesse durera tant que nous persisterons à accorder plus d’importance à l’agressivité et à l’égoïsme plutôt qu’à l’empathie et à l’altruisme. Est ce que les difficultés de la vie, surtout en ce moment de crise sanitaire, nous obligent-elles à écraser les autres pour tenter de nous en sortir ?
La dévalorisation de la gentillesse cessera quand nous retrouverons une manière d’esprit plus « noble », (de gentilhomme, terme qui existait aussi dans l’ancien Orient). Vouloir réussir, pourquoi pas, mais en réussissant aussi à être quelqu’un de bien, qui voit en autrui autre chose qu’un rival et un obstacle. Bien réussir, mais sans mal se comporter, voila l’enjeu.
La dévalorisation de la gentillesse tient aussi à une certaine idée du pouvoir ; mon pouvoir est grand de ce que je retire aux autres. Au contraire, être gentil c’est avant tout se soucier de l’autre, se réjouir de son bonheur et de son bien-être. La gentillesse est une force, quelque chose de noble, de généreux, de l’ordre de la grandeur d’âme, dans la manière dont on accroit le pouvoir de l’autre tout en accroissant le sien.
Toute solidarité repose sur ce principe et cette manière d’être au monde, et en ces temps difficiles nous avons tant besoin de gentillesse et moins d’égoïsme.
Pour terminer je vous propose ce vers extrait du Tao Te King de Lao Tseu qui compare la gentillesse à l’eau, source de toute vie. Bien à vous. Vo Su Sebastian
« La suprême bonté (ou gentillesse) est comme l’eau.
Elle profite à toutes choses sans distinction.
Dans l’être, elle coule dans les profondeurs.
En expression, c’est honnête.
Dans la confrontation, elle reste douce.
Dans la gouvernance, elle ne contrôle pas.
Dans l’action, elle s’aligne sur le courant.
Elle est satisfaite de sa nature et ne peut donc pas être blâmée. »