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L’ECOLE DU SINGE

Notre école Hau Quyen Trung Dung Dao est un des styles traditionnels du Vo Dao.

Hau signifie en vietnamien singe, Quyen la technique, Trung milieu, Dung attitude juste et Dao la voie.

Donc notre école se nomme “la technique du singe, la Voie du juste milieu”.

Histoire et origine

Pour comprendre l’historique et l’origine de notre école, je vous propose de lire les propos recueillis dans le mémoire de Maître Safy Mohamed.

Maître Tran Van Ut

Maître Tran Van Ut (photo) s’est vu transmettre le Hau en ligne direct. Il s’agit d’un enseignement traditionnel, privé et secret”.

Le Maître Tran Trung Truc, moine est accueilli par la famille de Maître Tran Van Ut pour y rester et il devient le responsable patriarche de la pagode An Hoï qui est sur les terres familiales (Hoc Mon An Hoï). Il est chargé de l’enseignement auprès des enfants de la famille Tran. Dès l’âge de 6 ans, Maître Tran Van Ut commence l’apprentissage des Arts Martiaux en même temps que ses études. Son Maître lui enseigne à la fois la littérature, les mathématiques, les arts, etc… Bien entendu il s’occupe aussi de l’éducation religieuse des enfants de la famille. L’enseignement des Arts Martiaux était interdit car à l’époque coloniale, il ne fallait pas que les techniques soient utilisées.

Les valeurs ancestrales, morales, bouddhistes ont été transmises à Maître Tran Van Ut dans l’ombre et la modestie.

Il travaille jusqu’en 1951 sous la direction de son Maître Tran Trung Truc ; il a une vingtaine d’années lorsqu’il le quitte et arrive en France.

Le Maître qui lui a transmis le Hau dans le secret est décédé en septembre 1976 à 84 ans.

Ce bonze tenait ses techniques secrètes du temple de Shaolin (Thieu Lam) et son nom à l’époque était Maître Ngyen Trung Truc qu’il abandonne pour Maître Tran Trung Truc lorsqu’il est accueilli par la famille Tran.

Maître Tran Van Ut est le seul qui s’est vu transmettre le Hau, à l’exception de quelques bonzes pour lesquels cet enseignement est aussi confidentiel.

Après une vie entière consacrée aux arts martiaux, Maître Tran Van Ut nous a quitté en 2004 à l’âge de 70 ans.

Le chef de file de l’école

Maître Safy (photo) est né au Vietnam en 1938 et il a commencé à pratiquer les arts martiaux, à Paris, en 1962 en s’inscrivant au Vo Da Club aux cours de Karaté Shotokan sous la direction des Maîtres Nguyen Trung Hoa et Maître Tran Van Ut. Parallèlement à sa pratique du Karaté (1ère Dan passée en 1967) il découvre les arts martiaux vietnamiens en étant initié au Hau Quyen par Maître Tran Van Ut.
En 1970, ces deux maîtres lui confient l’enseignement du Karaté et du Hau ainsi que la gestion du Vo Da Club. En 1972, il intègre la Fédération Française de Viet Vo Dao et se voit décerner un 2ème Dang de Viet Vo Dao par Maître Phan Hoang et Maître Nguyen Dan Phu. En 1974, Maître Safy se rend au Vietnam pour suivre durant quelques mois un stage de l’école Vovinam au club Hoa Lu qui est le centre de la fédération du Viet Vo Dao Vovinam.

En 1976, il fonde le Club du Lotus à Fontenay sous bois et il y forme environ 35 ceintures noires aidé en cela par Maître Appolaire jusque en 1991. Le 21 octobre 1990, Maître Safy s’est vu remettre par Maître Tran Van Ut la responsabilité de devenir à son tour le chef de file de l’école Hau Quyen, en tant que garant de la transmission de l’essence du Hau.

Maître Appolaire (5ème Dang) est nommé directeur technique du style Hau.

Actuellement Maître Safy est 6ème Dang (grade décerné par Maître Phan Hoang) et il continue à œuvrer pour le développement du Viet Vo Dao et du style Hau Quyen en France.

Hau, style du singe

“Il ne s’agit pas uniquement d’un style inspiré des qualités d’un animal, mais du Singe Pèlerin SI YEOU KI dont la Tradition révèle l’histoire ; celle du Singe qui est chargé d’accompagner et de protéger le bonze HIUAN TSANG dans son voyage de 15 ans vers l’Occident (le Tibet) dans le but d’aller y chercher les Sutras et de les ramener sans encombre en Chine en l’an 629.

Bien entendu, il s’agit d’un voyage initiatique semé d’embûches et d’épreuves que le Singe surmonte. Il devra triompher de démons terrestres, célestes et surtout personnels !

C’est pourquoi le style Hau Quyen est tout à fait adapté à l’évolution personnelle et morale de celui qui a la chance et l’honneur de le pratiquer avec sincérité et persévérance dans la loyauté”.

Texte extrait du mémoire de Maître Safy Mohamed.

La philosophie de l’école Hau

La philosophie du Hau Quyen est issue du Bouddhisme et du Taoïsme. Du Bouddhisme, notre école tire des techniques et des postures méditatives mais également aussi une éthique morale et martiale qui est symbolisée par les trois notions suivantes : Trung-Dung-Dao (la Voie du Juste Milieu). Au niveau de l’éthique, ces notions doivent se traduire pas une absence de désirs et de pulsions qui tendraient vers les extrêmes comme la haine, la colère. Cette absence de conflit interne doit amener le pratiquant vers une plénitude mentale et corporel. D’un point de vue martial, ces trois mots se traduisent ainsi : savoir se placer dans l’axe (au centre, au milieu) de l’adversaire pour le mettre en déséquilibre par un balayage, une clef, par l’utilisation de la souplesse contre la force…Trung : équilibre, centre, stabilité. Dung : vérité, bon sens, droiture, sagesse. Dao : but, chemin, avancer.

Du taoïsme le Hau emprunte sa conception du monde et de la technique en combat. En effet le Taoïsme révèle l’essentiel de l’unité de l’Univers, la polarisation (Am/Yin et Duong/Yang), les cycles éternels, la relativité. A partir de ces faits naturels découlent l’absence de tensions et de luttes pour obtenir des avantages. L’application du Yin et du Yang dans les techniques du singe est connu sous le nom de la Loi d’Harmonie, dans laquelle chacun doit être en harmonie, et non en opposition contre la force et la puissance de l’adversaire. Ce qui signifie que l’on ne doit rien faire hors de ce qui est naturel et spontané, l’important est de ne rien contraindre à aucun moment. C’est le combat sans combattre.

L’enseignement de ces deux “philosophies de la vie” se passe sur le terrain, à travers une pratique martiale continue et les expériences de la vie. Chacun est libre d’y adhérer car on ne peut obliger quelqu’un à faire des choses contre sa volonté. L’important c’est d’éveiller, d’amener à réfléchir sur soi même afin de mieux comprendre les autres et l’Univers. Le Dao, la Voie n’est pas dans les livres mais elle est dans notre vie quotidienne.

Technique Hau Quen

Les techniques de projection et les clefs constituent la particularité du style Hau Quyen mais il ne s’agit pas uniquement d’un style inspiré des qualités d’un animal tel que le singe comme nous l’avons vu précédemment.

Avant de commencer à pratiquer ces techniques, il faut connaître les bases traditionnelles communes à tous les styles vietnamiens, c’est à dire les positions, les blocages et frappes avec les poings et les pieds, les chutes… En effet, notre style comprend trois distances ; la distance lointaine (utilisation des pieds), la distance moyenne (utilisation des poings et des coudes) et la distance courte (utilisation des projections, des clefs et des immobilisations). C’est à travers l’extrapolation des Quyens (huit Quyens Hau qui ne forment qu’un seul) que nous travaillons les projections comme “acte final”. Le but est de déséquilibrer ou casser l’équilibre du partenaire avant ou pendant la projection, d’où l’importance des positions, des déplacements, de la sensation, du timing et d’un mental vigilant. “Vous devez être capable de projeter au sol un adversaire avec deux doigts, sans agressivité”, disait Maître Tran Van Ut. Au terme d’un long apprentissage, vous pouvez vous “battre sans combattre” (sans coup porté ni contact) d’où l’utilité de la technique respiratoire en posture Tien tan (la méditation) qui est pratiquée au début et à la fin de chaque entraînement pour favoriser la concentration et la vigilance du mental.

Les armes sont très peu utilisés dans notre style car les Maîtres-Moines bouddhistes avaient comme principe la non-violence et le respect de toute vie.

Au sein de notre club du Lotus, l’apprentissage des armes (bâton long, couteau) fait parti du programme et cela pour deux raisons. La première est qu’il est nécessaire de savoir se servir d’une de ses armes pour pouvoir par la suite savoir s’en défendre. La deuxième raison est d’ordre fédéral car pour passer la ceinture noire, les hauts gradés doivent connaître des enchaînements avec des armes.